- Localisation : Commune de Sales (74150)
- Date de construction : 1840
Texte de présentation rédigé par M. Colin :
Le « moulin de Sales » ou « moulin des Îles », du nom du lieu-dit sur lequel il est construit.
En 1840, Monsieur Berthod entreprend la construction du moulin le long d’un ruisseau (le Cruet). Au décès de Monsieur Berthod, Joseph Thomasset a pris le moulin en location en 1882, l’a acheté en 1887 puis légué à son fils, Claudius Thomasset.
Vers 1923/24, la construction d’un barrage en amont a considérablement réduit le débit du Chéran et rendu impossible le fonctionnement du moulin. La propriété, a appartenu aux 3 enfants de Claudius Thomasset puis est revenue à mon épouse. Nous l’avons totalement rénové en conservant naturellement la totalité de la partie industrielle.
Géographie :
Le moulin se situe au sud de la commune de Sales (Haute Savoie – Canton de Rumilly) et à une trentaine de mètres de la rivière le Chéran. Rumilly, se trouve juste sur l’autre rive du Chéran.
Architecture :
Le bâtiment est constitué de 2 colonnes accolées, une pour la partie industrielle (85m²) et une pour la partie habitation (75m²). Le sous-sol, un rez-de-chaussée surélevé) et le 1er étage séparés entre industriel et habitation ; le 2ème étage est regroupe les 2 parties en une seule très grande pièce.
Au sous-sol : côté moulin et à l’extérieur du bâtiment se trouve la roue à aubes (3m de diamètre et 160cm de largeur – la seule en Savoie/Haute Savoie) ainsi qu’un mécanisme régulant l’arrivée de l’eau. La grande pièce du sous-sol contient le mécanisme transmettant l’énergie par un arbre allant jusqu’au 2ème étage.
Au rez-de-chaussée : une vaste pièce comprenant 1 bascule et 3 paires de meules (diamètre 1,65m chacune) et départ du monte-sacs et au même plan 3 pièces pour la partie habitation. Une petite pièce sur l’emprise habitation donnait sur le moulin pour le meunier ou la personne de veille de nuit).
Au 1er étage : côté moulin on trouvait : la partie transmission de l’énergie à son plafond et le réceptacle du trieur simple posé au 2ème ; un ensemble de 3 colonnes qui, par gravité, distribuaient les céréales sur l’une ou l’autre des meules. Enfin, le plancher servait au stockage du son et des sacs de farine, jusqu’à récupération. Côté habitation : 3 chambres.
Au 2ème étage : 2 trieurs : un simple posé au sol et un 2ème composé de 2 cylindres. Un gros blutoir (7m) puisque composé d’une double rangée de 9 points de distribution chacune et enfin du système de commande du monte-sacs.
Fonctionnement :
Ce moulin, posé le long d’un ruisseau, se trouvait aussi à proximité d’une rivière, le Chéran. Un bief (environ 300/400m) a été réalisé entre le Chéran et le ruisseau le Cruet. Une première vanne à l’arrivée du bief sur le ruisseau puis 2 autres au niveau de la roue permettaient de réguler l’arrivée d’eau selon le besoin de faire tourner 1 ou 2 ou les 3 paires de meules.
L’arbre de la roue se prolongeait, à l’intérieur du sous-sol et était pris sur le rouet lequel, par un renvoi d’angle, faisait fonctionner l’ensemble jusqu’au 2ème étage.
Un sac, posé sur le pas de la porte du moulin, était pesé sur la bascule puis accroché au monte-sacs. Par un système d’embrayage/débrayage commandé au 2ème étage, la céréale arrivait au 2ème jetée dans un 1er trieur au niveau du plancher, sa récupération (au plafond du 1er étage) se faisait par chaîne à godets et passait dans le double trieur.
Par des goulottes, la céréale était amenée du trieur vers une des 3 colonnes de distribution du 2ème au rez-de-chaussée sur leur meule respective. La farine était alors récupérée au plafond du sous-sol puis remontait au 2ème par chaîne à godets pour être blutée, mise en sacs et descendue à la pièce de stockage au 1er étage.
Ce moulin à plusieurs points particuliers :
- Une turbine en salle d’eau a été initialement construite au sous-sol, sous le mécanisme de transmission de l’énergie. Des membres de l’association connaisseurs pensent que la turbine ne développait pas assez de puissance pour faire fonctionner l’ensemble et que la roue à aubes a été ajoutée ensuite.
- Le monte-sacs fonctionnait à l’aide de la roue ; il était donc mécanisé dès 1840.
- Le rez-de-chaussée étant surélevé, un escalier permettait de passer de la cour au moulin. Cet escalier était construit en déport par rapport à la porte facilitant ainsi la pose et l’emport des sacs (les porteurs n’ayant pas à se baisser pour poser et surtout relever les sacs (en 1840, on ne parlait pas d’ergonomie mais on la pratiquait).
- Sur la rive Rumillienne, les terres étaient essentiellement, des terres agricoles. Il était évident pour Monsieur Berthot qu’il fallait encourager les agriculteurs de cette zone et plus largement de Rumilly à faire moudre à son moulin à Sales. Il a demandé à construire un pont mais n’a été autorisé qu’à mettre en place un bac. Joseph Thomasset a pu construire une passerelle, appelée le ‘’pont branlant’’ (voir photos). Très utile pour l’usage du moulin, il est ensuite devenu jusqu’à sa démolition (1991) un endroit très apprécié des pêcheurs, des promeneurs, des amoureux et … de leurs photos de mariage.
- Enfin, on trouve dans ce moulin 2 vis sans fin d’Archimède, très rares dans les deux Savoie.
Un axe en bois dans lequel étaient plantées radialement, l’une touchant l’autre avec un léger décalage de position angulaire, huit séries de minces languettes flexibles de saule ou d’osier, de manière à former une vis sans fin à huit filets’’.
L’une était au sous-sol pour amener la farine par une chaîne à godets jusqu’au blutoir et l’autre pour le blutoir.
Sales, le 20 octobre 2019.
Découvrir le plan technique du moulin réalisé par un membre de l’AAMS
Coordonnées :
Moulin des Îles
74150 Sales
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